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La peur n'était pas une réaction appropriée pour un capitaine de Starfleet.
Non, c'était faux. La peur était la réaction la plus appropriée. Elle gardait les capitaines sur le qui-vive et concentrés sur leur tâche quand leur vie était en danger. Mais jamais le capitaine Mallory Stanford, au cours de sa carrière au sein de Starfleet, ne s'était pas sentie prête. Elle s'était tenue sur le pont du U.S.S. Boxer et avait affronté Klingons, Borgs et d'autres, menant son équipage crise après crise. Mallory avait eu peur de nombreuses fois. Elle n'avait jamais été prise au dépourvu. Mais la tâche à laquelle son équipage devait faire face était, au sens propre, insurmontable.
Elle s'assit dans le fauteuil de sa salle de préparation. Son premier officier lui avait apporté ses nouveaux ordres, et Mallory était entrée comme dans un état second après les avoir lus. Avec une telle réaction, une rumeur remplissait la passerelle de spéculations. L'équipage s’imaginait probablement avoir été envoyé sur le front. Le plus drôle étant qu'elle aurait été prête pour cela. À la place, elle pouvait lire ces deux mots qu'elle pensait ne jamais revoir.
« Kobayashi Maru. »
***
La Cadette Stanford s'enfonça dans le couloir de l'académie de Starfleet. Elle avait passé près de quarante minutes à essayer de trouver un endroit de l'école qui ne soit pas rempli d'élèves en train de célébrer. C'était la semaine précédant la remise des diplômes, et partout on faisait la fête. Rien d'officiel, mais cela allait de la simple réunion d'amis autour d'un verre au vacarme de musiques tonitruantes venant du Mess. Ce matin, elle les aurait rejoints, mais maintenant, elle ne pouvait s'empêcher de trembler.
Il s'agissait d'un test stupide. On était censé échouer. Il s'agissait là même du but de l'exercice – leur avait dit leurs instructeurs avant même qu'ils n'y participent. Le but était de tester leur force de caractère en tant que capitaine de Starfleet, pour observer comment ils géreraient une situation perdue d'avance. Cela n'aurait aucune incidence sur l'obtention de son diplôme. Alors pourquoi tremblait-elle ?
Non, il ne s'agissait pas du test ou de son échec. Ce n'était pas cela. Il s'agissait de son contenu. Les simulations de l'Académie se concentraient sur la diplomatie, l'exploration et le combat, mais aucune ne se terminait ainsi. Qu'importe ce qu'elle fasse, davantage d'ennemis apparaissaient. Tous les ordres qu'elle avait donnés lui semblaient logiques, mais ils avaient tous failli. L'équipage tout entier du Kobayashi Maru était mort. Son équipage était mort. Elle était morte.
Ç'en était trop. Peut-être n'était-elle pas faite pour cela. Elle inspira profondément et écarta les mèches de son visage. Avant même de s'en apercevoir, elle se trouvait déjà debout, à marcher dans le couloir. Ses instructeurs comprendraient. Et un transfert de dernière minute du commandement vers un autre programme n'avait rien d’extraordinaire, même à un moment si proche de la remise des diplômes. Tout ce qui importait était qu'elle n'ait jamais à revivre ça. Elle crut entendre une voix qui l'appelait, mais elle continua à marcher.
« Mallory ! » appela la voix à nouveau. Elle se retourna. L’nel, du cours d’astrophysique, marchait vers elle à vive allure. Elles ne s'étaient jamais véritablement adressé la parole, mais L’nel avait été son Timonier durant le test de ce matin. Son estomac se noua. C'était à propos du test.
« Je ne peux pas parler pour le moment, L’nel, dit-elle, je dois me rendre à... »
« Ça ne prendra qu'un instant », dit L’nel en se rapprochant. Maintenant que les examens étaient presque tous terminés, les élèves étaient libres de déambuler sans leurs uniformes. Elle portait une tenue décontractée, pour une Vulcaine. Mallory n'avait pas pris la peine de retourner à ses quartiers pour se changer, et se rendit compte qu'elle devait avoir l'air exténuée.
Elle s'arrêta pour laisser la cadette la rejoindre, tout en essayant de masquer la peur et l’incompréhension qui lui figeaient le sang. En cet instant, elle aurait tout donné pour avoir le contrôle des émotions des Vulcains.
« Je voulais vous remercier », dit L'nel.
« Me remercier ? », demanda Mallory. Ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait.
« J'ai tenu le rôle de Timonier toute la matinée à bord du Kobayashi Maru pour la simulation. Votre prestation était la meilleures de toutes celles que j'ai vues. »
« Pardon ? Mais tout le monde est mort », dit Mallory.
« La grande majorité des cadets était sujets à une tension extrême pendant cette première expérience de l'échec. Beaucoup d'entre eux m'ont donné des ordres qui auraient coûté la vie de bien plus de personnes et bien plus rapidement, sous l'effet de la panique. L'un d'entre eux m'a même ordonnée, et je le cite "de foncer dans le croiseur klingon" ».
Mallory ne put s'empêcher de sourire légèrement. L’nel ne partageait pas ce sentiment.
« Bien que vos décisions ne nous aient pas "sauvés", continua L'nel, nous avons survécu bien plus longtemps que prévu. Et vous avez rempli votre rôle admirablement sous la pression. De plus, j'ai le sentiment que vous avez accompli cette tâche dans une immense détresse personnelle quant à la nature de cet exercice. »
Ah, me voilà découverte, pensa Mallory. Elle baissa les yeux au sol. C'était la manière des Vulcain d'exprimer la pitié. L’nel avait ressenti ses émotions et était venu la réconforter avec des compliments de fortune. C'était gentil, mais inutile.
« Merci, dit-elle, mais je dois y aller. Il faut que je réfléchisse à quelque chose. » Elle s'apprêtait à reprendre sa marche.
« Mallory. Dit L’nel d'une voix ferme, mais calme. Je suis une formation pour devenir Conseillère de vaisseau. Ce que vous êtes en train de vivre s'appelle une crise de panique. C'est très courant chez votre espèce. Bien que les vulcains ne puissent pas être submergés par les émotions, j'ai moi-même fait l'expérience de réflexions irrépressibles. . Pendant ces quatre années d'apprentissage, j'ai envisagé au moins trois fois de quitter l'Académie de Starfleet comme une solution logique ».
Mallory essaya de comprendre cette information. L’nel lui avait parlé auparavant, mais uniquement à propos de leurs leçons. Elles n'avaient jamais eues de conversations personnelles.
« Pourtant, Ces attaques de notre psyché sur nous-mêmes ne sont pas logiques. Elles ne sont pas réelles. Votre performance était admirable, et si ce test était équitable, vous auriez sauvé de nombreuses vies. Vous devez maintenant décider si ce dont vous avez fait l'expérience aujourd'hui aura des répercussions sur vous ou pas, mais je peux vous assurer que vous n'avez pas échoué. Si je faisais réellement partie de votre équipage, je serais honorée de continuer à être sous vos ordres ».
Une vague de chaleur envahit Mallory, et elle sentit enfin les muscles de son abdomen se nouer. L’nel avait raison, bien entendu. Cette expérience faisait partie d'elle dorénavant, et c'était à elle de décider si elle en sortirait grandie, ou détruite.
«L’nel, dit Mallory en se retournant, si ce qui s'est passé aujourd'hui était vrai, vous seriez morte. »
L'nel se pencha en avant, et Mallory vit pour la première fois sur son visage ce qui s'apparentait à un sourire. « Un détail. Qui n'aurait que très peu d'importance maintenant. »
***
Cela faisait moins d'une minute que Mallory avait commencé son exercice de respiration quand la porte de sa salle de préparation sonna..
« Entrez », dit-elle en reposant son PADD.
Elle leva les yeux et sourit chaleureusement à la Conseillère du vaisseau entrant dans la pièce.
« L’nel, dit-elle, quel bon vent vous amène ? »
La capitaine lui fit signe de la main de prendre un siège en face de son bureau pour s'asseoir. « Le commandant Hojo m'a notifié que vous avez quitté la passerelle de façon quelque peu soudaine. Y a-t-il un problème, capitaine ?
Mallory fit glisser la tablette sur son bureau, et L’nel prit le temps de lire ce qui s'y trouvait avant de lever un sourcil.
« Nous allons repasser le test ? » demanda-t-elle.
« Pas seulement nous, dit Mallory en s'enfonçant dans son fauteuil. Toute l'Alliance. Même les Klingons vont devoir s'y soumettre. »
« Fascinant, dit L’nel en relisant les informations de mission. Pensez-vous qu’ils sont tous prêts à échouer comme ce fut le cas pour nous ? »
Mallory rit. « Je l'espère. Et l'équipage ? La plupart détestait ce test à l'école. Comment pensez-vous qu'ils vont accueillir la nouvelle ?
« L'équipage a toujours à cœur de relever les défis impossibles, répondit L'nel. Je ne m'inquiéterais pas pour eux si j'étais vous. Mallory acquiesça.
« Mais vous, Capitaine, la conseillère Vulcaine se pencha en avant en écartant le pad. Êtes-vous prête pour cette mission ? Êtes-vous prête à affronter l'épreuve de Kobayashi Maru à nouveau ? »
Lentement, le sourire s'afficha sur le visage du capitaine. « Bien sûr, dit-elle, après tout, ce genre d'expérience ne peut pas nous détruire. »
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